« Tu supportes plus Boston, ta famille, ... Jules t'as 21 ans, t'es majeure tu peux partir quand tu veux. Puis ce n'est même pas tes vrais parents. » C'est vrai que plus rien ne la retenait aux États-Unis, il semblerait qu'elle n'ait plus rien en commun avec sa famille adoptive, plus depuis qu'ils ont décidé de la mettre à l'internat, car elle devenait soit disant incontrôlable. « Le Brésil, c'est pas si dangereux que ça. Je connais des personnes, t'auras un passeport en un rien de temps avec un appartement par trop cher et un boulot. Faudra juste que tu nous aides de temps en temps, mais c'est rien de plus que ce tu as fait ces cinq dernières années. T'arrivais à faire rentrer tout et n'importe quoi dans le bahut. C'est pas nouveau pour toi. » L'idée est tentante, faut dire que Jules a toujours aimé le danger et l'aventure, chose qu'elle ne connaissait pas chez les Carpenter où tout est toujours bien rangé, ordonné, rien ne va de travers, même les enfants doivent être parfait. Perfection que Jules n'a jamais supporté. Dernier enfant, seule fille et surtout adoptée, elle s'est toujours considérée comme l'animal de compagnie, le chien sur lequel on craque. Ses parents s'étaient mis en tête d'adopter, c'est elle qui ont choisi, petite française de deux ans qui sait juste qu'elle porte un prénom de garçon rien de plus. Alors oui, elle écoute son ami attentivement et se laisse bercer d'illusion, de rêve, une petite utopie qu'elle rêve de toucher du bout des doigts. À l'internat, c'est elle qui menait son petit monde à la baguette, en un mois seulement elle avait déjà repéré les bonnes personnes, s'était alliée à elles affirmant qu'elle pourrait les aider. Jules n'a jamais manqué d'audace. Ils l'ont cru, l'ont initié et en un rien de temps, elle avait mis sur pied un véritable petit trafic : chocolat, sucreries, cigarettes et alcool. Tous la connaissait, personne n'osait la dénoncer, même ceux à qui ce commerce causait du tort, en même temps qui voudrait chercher des ennuis à une petite blondinette entourée de gros bras. C'est comme ça qu'elle a rencontré Anthony, ce fameux ami, brésilien de naissance, ses parents eux, sont américains, il a toujours connu que les écoles américaines privés et en internat. Il a vite repéré Jules, il l'a initié à l'art de tromper, même si elle s'en sortait déjà très bien toute seule. « Je sais pas Tony, c'est quand même compliqué, je dis quoi à mes parents. Laisse-moi un peu de temps, je réfléchis et je te tiens au courant OK ? » Un simple haussement de tête comme réponse. Oui, même si l'aventure l'attirait, Jules n'est pas totalement irréfléchie. Après une semaine de réflexion, elle finit par accepter. La jeune Carpenter prend le temps de prévenir ses parents et ses trois frères, ils sont tous contre ce choix, mais ils ne peuvent rien faire. Deux mois plus tard, lorsque l'été commence à pointer le bout de son nez, Jules s'est familiarisé avec la langue et quitte Boston pour Rio de Janeiro. Lorsqu'elle découvre son appartement, elle est avec Anthony, elle est surprise, mais pas comme l'aurait voulu. Dire qu'elle est énervée serait un euphémisme, alors qu'elle vient à l'affubler de plusieurs coups de poing sur l'épaule il vient à se justifier. « Ils attendent de voir ce que tu vaux ! Après ça, ils te rénoveront tout, je te le promets Jules ! Je t'aurais jamais mis dans une merde pareille ! Tu me connais ! » Il avait raison, après un an. Jules a réussi à se faire une place, on connaît son nom, sans savoir qu'elle est derrière un bon nombre de trafic. Un brin autoritaire, elle n'a pas spécialement peur des gros bras. Elle sait qu'elle n'est pas la tête pensante, mais qu'elle commence à avoir une certaine influence.