« Ambrà ! Viens ici ! »cria son père. La petite fille était passée par l’arrière de sa maison. Elle savait déjà pourquoi son paternel l’avait appelé. Elle craignait le pire. La petite de huit ans marchait en frôlant le sol, elle essayait de faire le moins de bruit. Se faire remarquer ne serait pas la meilleure chose ce soir. Elle arriva devant lui, d’un pas toujours hésitant. Il la regardait d’un regard sévère. Assis sur un fauteuil, du moins ce qu’il en restait puisque c’était de la récupération. Le tissu s’échappait, des petits lambeaux de tissu tombaient à chaque fois que son père faisait de grand geste. Ce dernier ne lui adressa pas la parole de suite, il toisa sa fille de haut en bas à plusieurs reprises. Il finit par rompre le silence. « Qu’est-ce que t’as réussi à avoir ? Donne-moi l’argent ! » s’écria-t-il en tendant la main vers Jessica. Elle bégaya avant de trouver les mots. « Je…je…je n’ai pas d’argent aujourd’hui papa…ni... » elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’elle fut coupée par la réaction de son père. Il se leva et d’un bond, il fut en quelques secondes devant elle. « QUOI !!!!!! Tu te moques de moi là ? T’es bonne à rien  ma parole. Tu as ramené quelque chose à manger au moins ? » il défia du regard, si la réponse serait non, il s’énerverait encore plus. Ambrà ne pouvait pas lui mentir car si elle disait qu’elle avait de la nourriture dans son sac, il n’hésiterait pas à le fouiller. « Non, je n’en ai pas… » elle finit sa phrase en chuchotant. Soudain, elle se sentie propulsée. Son père avait pris sa nuque et l’avait poussée vers sa chambre en criant. « Je ne veux pas te voir ! Par ta faute, on ne mange pas se soir ! Tu ne sers à rien ici, tu n’es qu’une bouche de plus à nourrir. Ambrà se rendait dans sa chambre la tête baissée. Elle ne voulait pas l’énerver plus qu’il ne l’était déjà. « Si tu continues comme ça, tu n’iras pas chez ta tante aux prochaines grandes vacances ! » ce fut alors que la petite fille se retourna, le regard noir. Il ne pouvait pas lui lancer une telle menace. Elle fit claquer sa porte et s’affala sur son lit qui n’avait pas de sommier. Ils avaient dû le vendre dernièrement car la vie devenait de plus en plus difficile. De toute façon, elle savait que son père n’était pas sérieux, en effet, il profitait de ces vacances. Au retour d’Ambrà, la famille avait de l’argent, de la nourriture ainsi que des vêtements. Ils étaient donc tranquilles pour un certain moment. Néanmoins, cela n’empêcha pas à la petite fille de pleurer. A cet instant, elle aurait aimé voir Georgia, sa cousine. Ambrà était prisonnière des favelas, elle ne pourrait pas en sortir. Elle continua à pleurer toutes les larmes de son corps jusqu’à s’être endormie de fatigue…

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« Que fais-tu ? J’espère que tu n’es pas en train de me voler ? » dit-il avec un accent purement britannique. Malgré le fait accompli que bon nombre de personne aurait mal pris, le médecin lui lança un sourire. Il savait pourquoi la petite fille était sur le point de lui faire poches. Au Brésil, il était difficile de ne pas s’apercevoir des quartiers pauvres qui enlaidissaient la ville. Salvador da Bahia ne faisait pas des quartiers les plus propres et modestes. On y voyait la véritable vie dans laquelle la majeure partie des habitaient vivaient. « Non, m’sieur ! » elle fut sur le point de s’enfuir lorsqu’il la retint. « Reste là, je ne vais pas te faire de mal. Comment t’appelles-tu ? la petite fille âgée à peine de huit ans le regarda avec des yeux ronds et hésita. Elle ne savait pas si elle devait lui faire confiance. Après tout, elle avait tenté de lui voler de l’argent, il aurait pu appeler la police. Le vol était devenu un art pour elle. Elle avait été contrainte d’employer ce moyen, n’ayant pas d’autre choix pour nourrir sa famille. Ambrà savait que c’était très mal de voler. « Je m’appelle Ambrà. » dit-elle avec un brin de méfiance. Le médecin sans frontière lui lança un nouveau sourire, rassurant, chaleureux. « Enchanté Ambrà, je m’appelle Nicholas Callagan…dis-moi, tu peux m’aider ? » il ne lui laissa pas le temps de répondre qu’il  lui tendit une boîte. Elle l’attrapa avec hésitation. A peine avait-elle attrapée la boîte qu’il partit dans le couloir. Jessica dut le rattraper en courant, les grands pas de ce Nicholas la distançaient rapidement. Puis, durant une heure ou deux, elle l’aida à soigner des patients. Ils ne s’étaient pas encore parlés depuis leur rencontre. A la fin de sa garde, le docteur s’avança vers elle. « Tu vas à l’école Ambrà ? » lui demanda Nicholas. Pendant ce temps, il lui donnait un verre de jus avec des biscuits. Elle les accepta volontiers. La petite fille donna une réponse en secouant sa tête. Non. Ses parents ne pouvaient pas l’envoyer à l’école, ils n’avaient pas assez d’argent afin qu’elle puisse étudier. Jessica put lire rapidement de la pitié dans les yeux de son interlocuteur. Elle fit comme si elle n’avait rien vu. Pour son jeune âge, Ambrà n’accepta pas la pitié que certaines personnes riches lui lançaient. Elle n’en voulait pas. Il n’y avait rien de plus humiliant. Le médecin remarqua qu’elle se raidit, alors il changea de sujet. « On se voit demain alors ? » s’écria-t-il. Elle reçut à nouveau un sourire de sa part. Ambrà attrapa son sac qu’elle avait déposé lorsqu’il lui avait tendue la boîte qui contenait les soins. Et elle s’en alla. La petite Ambrà marchait à présent dans les rues de Salvador da Bahia afin de rentrer chez elle. Elle réfléchissait, elle ne savait pas si elle devait revenir ou pas. En voyant le soleil presque couché, elle commença à courir. Il ne fallait pas qu’elle rentre trop tard si elle ne voulait pas être punie. Le vent balayait ses longs et magnifiques cheveux. Ce fut dans un moment inattendu, qu’apparut un sourire sur ses lèvres, le premier de la journée. Elle sut à cet instant ce qu’elle avait décidé.


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La tête sur l’oreiller, Ambrà versait toutes larmes, toute sa peine tant qu’elle le pouvait. Elle venait d’être dévastée par une terrible nouvelle. Sa tante et son oncle avaient été tué. Elle avait appris la triste nouvelle alors qu’elle leur téléphonait depuis un téléphone public. La jeune fille âgée à présent de douze ans, avait seulement voulu prendre des nouvelles de sa famille qui habitait aux Etats-Unis. Elle se rendait compte que la vie ne lui faisait pas de cadeaux, entre ses parents qui ne faisaient rien pour l’aider afin de subvenir aux besoins de sa famille et en plus, la soudaine disparition des parents de Jo et Luke, s’en était trop. Si elle pouvait appuyer sur un bouton marche arrière, la brésilienne n’hésiterait pas à l’utiliser à maintes reprises. Sa mère entra dans sa chambre. « Sors de là, je ne veux voir personne ! » cria-t-elle sur sa mère. A la fois triste et énervée, Jessica n’adressa même pas un regard à cette dernière. Ambrà avait seulement envie d’être seule, de faire son deuil. Nicholas saurait surement la consoler, mais rien ô rien ne pourrait remplacer sa tante et son oncle, ils joueraient le rôle de ses parents lorsqu’elle partait chez eux durant deux mois. Ils lui avaient inculquée le minimum d’éducation, le reste venait de Nicholas, ce fameux médecin qui lui avait tant appris et à qui elle devait tant. Elle ne le remercierait sans doute jamais assez. La petite ne pouvait même pas se rendre aux Etats-Unis pour soutenir ses cousins. Ses parents ne pouvaient pas lui payer le voyage. Elle les haïssait encore plus à cet instant, impuissante, elle n’avait pas d’autres choix que de rester ici…


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« Mmmhh ! » Ambrà respira le doux parfum de l’hôpital. Elle avait atteint sa quatrième année. Grâce à son beau-père, un mafieux qui avait un fils à qui elle avait été promise. Dès sa première année, elle avait été la première de sa promotion, connaissant tout l’anatomie du corps humain depuis l’âge de quatorze ans, les symptômes des différentes maladies grâce à ce médecin qu’elle considérait comme son père, lui avait permis d’être parmi les meilleurs. Elle était la meilleure. Partant de loin, elle avait réussi à avoir une vie presque parfaite à ses yeux. Oui presque. A quinze ans, elle avait vendu à des mafiosi à cause de ses parents, en effet, ces derniers étaient criblés de dettes, ils avaient dû vendre leur propre fille. Ambrà ne leur pardonnait pas d’avoir agit ainsi. Depuis qu’elle avait été séparée d’eux, elle n’avait pas cherché à reprendre contact, elle ne comptait pas le faire d’ailleurs. Elle avait trop d’orgueil mais surtout, elle avait trop souffert à cause d’eux, même si au fond, cela lui avait permis de rencontrer Nicholas et d’avoir pu entamer des études de médecine. A ses seize ans, Ambrà portait son nom d’épouse, Casteläo. Au départ, la jeune adolescente restait dans son coin avec son caractère bien trempé, cependant, elle n’hésita pas à montrer son goût pour l’art et la musique, sa grande culture générale qu’elle devait à son « père adoptif » l’aidait particulièrement à affronter le monde qui l’entourait. Elle savait remettre les gens à leur place avec politesse et finesse. Les premiers temps avaient été difficiles pour elle avec son mari Enzo. Ce dernier n’était pas très bavard. Ambrà avait dû faire les premiers pas, lui tendre des perches. Parfois, s’en était fatiguant parce qu’il n’avait pas joué le jeu mais la jeune fille avait persévéré. Le résultat en avait été positif. Enzo avait toujours respectueux avec elle. Il ne la maltraitait pas. Il faisait en sorte qu’elle se sente chez elle. Ils s’étaient rapprochés mais Ambrà gardait une certaine méfiance vis-à-vis de sa belle-famille qui était après tout faite de mafieux. Et elle avait bien raison. De temps à autre, lorsque son époux rentrait ivre et énervé, il passait sa colère sur elle. Elle avait été sujette de quelques coups. Pourtant, la brésilienne revenait toujours vers lui. Pourquoi ? Elle avait tellement réfléchi à ce sujet. Elle savait qu’elle était piégée dans cette famille, elle ne savait pas comment Enzo réagirait s’il apprenait qu’elle le quittait. En même temps, elle devait une dette aux Castelaö car c’était grâce à eux qu’elle était à deux doigts d’obtenir son diplôme de médecin. Mais aussi, Ambrà s’est attachée à Enzo. Elle ne peut ne l’expliquer. Tout ce qu’elle sait pour l’instant c’est qu’elle ne peut pas le laisser seul.

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Aujourd’hui, âgée de 30 ans, Ambrà est toujours mariée avec Enzo. Son couple, sa vie quotidienne est toujours pareille ! Son mari, depuis le début, est quelqu’un qui cache toujours autant son business, ses trafics. La neurochirurgienne reste d’accord avec ce fonctionne, elle ne veut pas que sa carrière professionnelle soit mise en danger à cause de lui. Elle ne le lui a toujours pas mais si un jour, cela devient un peu trop risquée, elle ne perdrait pas de temps et lui dirait ses craintes. Entre amour et illégalité, le couple bat parfois de l’aile mais reste stable.
Depuis quelques temps, la docteur a envie d’être maman. Enzo ne sait pas encore qu’elle désire avoir un enfant. Serait-il consentant ? La jeune femme n’en a aucune idée. Alors elle garde ça pour elle. Personne n’est au courant, sauf peut-être Georgia, sa cousine adorée. Cette dernière n’aime pas le mari d’Ambrà, alors la chirurgienne, ne sait pas quoi faire, ni quoi dire...